samedi 12 janvier 2013

Des pierres en lévitation à Shivapur (Inde) ?

Un phénomène de lévitation à Shivapur ?

Ce fut notre seconde visite, à quelques années d'intervalle, à Shivapur, petite localité du Maharashtra, dans l'ouest de l'Inde, en ce samedi 3 mai 1980. Arrivés le 27 avril à Mumbai, qui s'appelait encore Bombay à l'époque, pour une visite en individuel de deux mois et demi en Inde, que pouvait bien motiver notre présence en cet endroit éloigné des circuits touristiques ?

A vrai dire, c'est probablement la mention de ce lieu dans un livre d'Andrew Thomas ( paru en France en 1969 sous le titre de "Les secrets de l'Atlantide") qui nous a poussé à revenir une seconde fois à Shivapur où se produisait un phénomène étrange.

En effet, s'y trouve un bâtiment considéré comme un lieu saint  (dargah ou durgah ), vieux de plus de 7 siècles, qui aurait été érigé par Suresh Warkar,un dévôt, à la mémoire de Qamar Ali Derviche, un saint homme de la tradition des Soufis. Devant le bâtiment, non loin de l'entrée, reposent à même le sol, deux grosses pierres de forme arrondie, respectivement d'un poids de 55 et de 41 kgs (chiffres donnés par A. Thomas), que dans certaines conditions, l'on arrive à faire se soulever un bref instant jusqu'à environ deux mètres.


L'une des deux pierres de Shivapur en action (1980) / photo webm. prana infos  


Arrivés sur place, nous jaugeons le poids de l'une des pierres et essayons de la soulever, créant un attroupement autour de nous. L'on nous propose de faire l'expérience par nous-même et l'on nous explique que pour la grosse pierre, il faut que onze hommes entourent la pierre, posent le bout de l'index sur elle et prononcent tous ensemble, en une seule fois, à voix forte, le nom de Qamar Ali Derviche, en "durant" le plus longtemps possible donnant un son tel que "Qamar Ali Darve-e-e-e-e-e-e-sh ".


En essayant de soulever l'une des deux pierres  / photo prana infos (1980)
A moment donné, quelqu'un nous demande si nous croyons en Dieu. Question embarrassante: nous sommes en Inde et bien des croyances locales doivent être entachées de superstitions... Et même, dans un contexte plus occidental, que répondre à une telle question à laquelle l'on pourrait tout aussi bien répondre par la négative que par l'affirmative, selon que l'on est en présence d'une conception très restrictive,voire  dogmatique, ou au contraire très large et ouverte, voire ésotérique ? Si l'on ne peut réellement définir ce terme, qu'entend alors notre interlocuteur par "Dieu" ? Finalement, nous nous souvenons que nous sommes dans un lieu soufi, le soufisme pouvant être considéré comme une composante ésotérique de l'Islam, avec une vision très large de ce concept de Dieu, et nous décidons de répondre par l'affirmative. 

Non familiarisé avec la façon de procéder et sans doute plus préoccupé d'analyser de façon rationnelle chaque seconde de l'expérience plutôt que d'y participer réellement "corps et âme", la première tentative n'est pas fameuse, la pierre ne s'élevant  que d'environ 80 cm. L'on nous redonne des consignes et, ô miracle, la seconde fois la pierre s'élève jusqu'à largement au-dessus de nos têtes pendant que tous les participants prononcent le nom du saint soufi, avant qu'elle ne retombe dès que cesse cette invocation sonore...  


Lors d'une autre expérimentation à quelques instants d'intervalle (1980) / photo webm. prana infos
Le contexte


Ce serait donc bien le fait de poser, pour chacun des onze participants masculins, l'index droit sur le bord de la pierre et de prononcer simultanément à voix haute et à l'unisson le nom de Qamar Ali Derviche qui permettrait de créer une situation qui ressemblerait à un état d'apesanteur et qui créerait ce phénomène de lévitation, malgré le poids de la pierre.

En fait, comme souvent en Inde, il n'est pas simple de recueillir des éléments d'information globaux et fiables et même des Indiens qui en parlent sur internet semblent ignorer qu'il existe deux pierres, et que pour la plus grande des deux il est nécessaire d'être à onze personnes de sexe masculin et que pour la plus petite, il faut être à neuf personnes (et non à sept, comme on a pu le lire).

De même, dommage qu'il n'y ait pas de poids "officiel", car on a pu lire des chiffres fantaisistes ! Pour notre part, nous retiendrons les poids donnés par Andrew Thomas, qui ont d'ailleurs été repris par un article du 27 août 2004 du journal russe Pravda.

Quel rapport avec Qamar Ali Derviche ?

 Il est également difficile d'obtenir une biographie fiable de Qamar Ali Derviche (dont le corps repose dans le sanctuaire), mais l'une des versions qui circule est la suivante. 

Il y a 800 ans, une famille musulmane avec un fils arrive et s'établit dans le proche village de Darodi. A l'endroit de l'actuelle mosquée existait à l'époque un gymnase dans lequel s'exerçaient des lutteurs au moyen de deux grosses pierres. Il s'agissait pour un groupe d'hommes d'entourer une pierre et de la soulever de façon à développer mains, poignets et avant-bras. Les parents du jeune garçon insistaient pour que celui-ci fréquente ce gymnase et participe à ces sports virils.

Mais le garçon, Qamar Ali Darvesh était très différent des autres et ses centres d'intérêt allaient dans une toute autre direction. Il semblait pourvu d'une nature hypersensible et posséder d'étranges pouvoirs paranormaux dès son plus jeune âge. Traité comme le paria du gymnase, il eut à souffrir continuellement des railleries des autres utilisateurs. Son manque d'intérêt pour la compétition ainsi qu'une inaptitude physique le firent considérer comme une mauviette aux yeux de ceux qui avaient des préoccupations plus physiques. 

"Vous pensez que je suis stupide et faible ... et que je ne suis pas capable d'être comme vous" répondit-il un jour. "Laissez-moi vous dire ceci: malgré toute votre force, vous ne serez pas capable de soulever les pierres sans que vous répétiez mon nom." Hazrat Qamar Ali Darvesh décreta alors que la grosse pierre pourrait être soulevée seulement si onze personnes la touchaient du bout du doigt, mais uniquement si son nom était invoqué à voix haute. De même, la pierre plus petite ne pourrait être soulevée que si neuf personnes la touchaient du bout du doigt. A partir de ce moment là, les pierres ne pouvaient être soulevées qu'en se conformant à la manière prescrite et en appliquant cette formule.

Hazrat Qamar Ali Darvesh devint un Soufi, mot grec dérivé de la racine "Sophia", la sagesse. Il s'éteignit à l'âge de 18 ans et fut proclamé saint par la suite. Sa tombe de Shivapur est devenue un lieu de pélerinage depuis cette époque et les pierres sont soulevées par lévitation, dans le respect du cérémonial voulu, par les fidèles ou par tout visiteur masculin du sanctuaire, sans distinction de religion.     

Ainsi, nous dit-on, chacun, croyant ou non, membre d'une quelconque religion, agnostique, païen ou sceptique peut participer à ce rituel de lévitation. L'on fait également remarquer que, sous le sanctuaire, de l'eau jaillit d'un mur de pierre et alimente des bains. Cette eau contient des propriétés curatives, nous dit-on, et des pèlerins viennent s'y baigner régulièrement.

Source: www.indiaprofile.com/pilgrimage/shivapur.htm

Quelle explication ?  

Le phénomène serait-il donc imputable à Qamar Ali Darvesh ?  L'on se doute que les rationalistes, y compris les rationalistes indiens, ne se contentent pas de cette explication et avancent qu'un poids similaire peut aisément être soulevé ,par exemple, par quatre personnes seulement et que le poids est ainsi réparti sur les quatre doigts, rendant la charge tout à fait supportable sans effort démesuré.  

Sauf que, dans le cas précis, pour avoir nous-même essayé, nous n'avons à aucun moment soulevé la pierre par en-dessous, nous contentant de la toucher de côté, et d'ailleurs l'on peut voir sur les photos qu'à moment donné un ou plusieurs participants ne touchent plus rien du tout... 

Revenons au commentaire d'Andrew Thomas :

"[...]  Soudain, on voit le rocher se détacher du sol, perdre tout poids et s'élever en quelques secondes à une hauteur de deux mètres; il reste en l'air pendant un instant et retombe ensuite sur le sol d'un seul coup. La même chose se produit avec la deuxième roche qui est soulevée par un groupe de neuf personnes.

Ce phénomène extraordinaire se produit plusieurs fois par jour à l'étonnement indescriptible de tous ceux qui participent à l'expérience. Normalement, il faudrait six hommes pour soulever la plus grande de ces roches de granit. Il devrait y avoir une explication scientifique de ce phénomène auquel peut participer activement n'importe qui - un musulman, un brahmane, un bouddhiste, un chrétien, un agnostique. Mais aucun de ces gens qui parviennent tous les jours à soulever la roche n'est capable de fournir cette explication.

On a beau rester sceptique, le fait est là: contrairement à toutes les lois de la physique, une lourde pierre s'élève d'elle-même à une hauteur de deux mètres. A notre âge de l'espace où les savants les plus éminents s'efforcent de percer le mystère de la gravitation, ce phénomène étrange mériterait une investigation sérieuse.

Toutes les suppositions sont permises pour expliquer ce soulèvement automatique de la roche. Est-il provoqué par les vagues de son provenant de l'incantation rythmique, par les courants biologiques issus des doigts ou par leurs effets conjoints ? Le fait est que lorsque les paroles "Qamar Ali Derviche" ne sont pas prononcées d'une voix très haute et claire, la pierre ne se soulève pas.

Ce miracle de l'Inde peut servir, de nos jours encore, de démonstration de la méthode qui fut employée dans l'Antiquité pour ériger les pyramides et les autres constructions mégalithiques." 

Source : Les secrets de l'Atlantide , d'Andrew Thomas (Ed. Robert Laffont - 1969) 

Y aurait-il donc eu dans un lointain passé une antique science aujourd'hui disparue, dont nous aurions là une vague survivance ? Lors de notre préparation d'un voyage au Pérou et en Bolivie en 1976, nous avions pu constater que là-bas également existaient des légendes qui faisaient se déplacer des roches dans les airs !

En tous cas, nous ferons un nouveau passage à Shivapur cette année, histoire de revoir le sujet ....


MISE A JOUR 2015  / UPDATE

Finalement, pas de passage à Shivapur en 2013, mais ce ne fut que partie remise puisque, à l'occasion d'un nouveau voyage en Inde, le 7 avril 2015 nous avons repris un taxi depuis Pune pour nous y rendre.

Nous ne reconnaissons pas les lieux, tellement l'environnement a changé. En 1980, l'on pouvait se garer devant le durgah, mais maintenant des échoppes longent la route y menant rendant impossible tout stationnement en dehors des places de parking qu'elles proposent toutes moyennant achat d'un article ou paiement de 50 roupies ...

Finalement, en échange de nos 50 roupies, le commerçant nous remet deux petits bouquets de fleurs que, une fois arrivés au durgah, nous déposons, en guise d'offrandes, près de la tombe du saint soufi.

Durgah de Shivapur / photo webm. prana infos (avril 2015)
Le durgah a lui aussi fondamentalement changé; le saint soufi repose désormais dans un bâtiment en pierre blanche (marbre ?). A noter que l'accès en est interdit aux femmes.

La grande pierre / photo webm. prana infos (avril 2015)


La grande pierre / photo webm. prana infos (avril 2015)


L'espace en terre où étaient posées les deux pierres a été drastiquement réduit et, à notre arrivée, nous n'apercevons que la grande. Renseignements pris, du fait du rétrécissement de la zone où l'on pouvait faire "léviter"  les deux pierres, la plus petite a été remisée dans un local attenant.

La petite pierre / photo webm. prana infos (avril 2015)
Devant la mosquée, plusieurs groupes de personnes s'essayent à faire léviter la grande pierre, mais sans grand succès. 

Essai pour faire léviter la pierre / photo webm. prana infos (avril 2015)


Etant très loin de ce que nous avons pu voir dans le passé, nous interrogeons une personne de garde près de la tombe du saint sur la cause de ces insuccès répétés à faire léviter la pierre. Réponse: "Cela dépend aussi de leur foi" . Peut-être, après tout; mais il nous semble aussi que l'ambiance du lieu n'est plus la même ...